Le Burkina Faso est touché par l’épidémie de Covid-19 depuis mars dernier. Le pays connait par ailleurs une crise sécuritaire et humanitaire qui a causé le déplacement de plus de 1 million de civils depuis 5 ans. Dans ce contexte, le système de santé n’a pas pu toujours répondre à des besoins croissants. Pour y faire face, l’ONG ASMADE, soutenue par Solsoc, a appuyé la mise en place d’un réseau de mutuelles de santé communautaires ciblant principalement les Burkinabè actif·ve·s dans le secteur informel. Appoline Compaoré, chargée de communication de l’ONG, a répondu à nos questions.
Solsoc: Concernant la réponse à l’épidémie, quelles sont les dernières activités mises en place par ASMADE ?
Appoline Compaoré : ASMADE, avec l’appui de Solsoc, a apporté son soutien aux comités régionaux de gestion d’épidémies de 5 régions du Burkina Faso en faisant des dons de matériel d’urgence et de prévention. Nous avons ensuite lancé une campagne de sensibilisation à la radio et à la télévision pour relayer les instructions du ministère de la Santé. Nous avons ciblé les acteur·rice·s de la restauration et de la transformation des produits agroalimentaires dans la ville de Ouagadougou, ainsi que des acteurs mutualistes de 11 régions du pays. Nous avons également participé à des concertations nationales et internationales sur la riposte face au Covid-19. Ces échanges ont permis d’ajuster nos stratégies et de conjuguer nos efforts avec d’autres intervenants.
ASMADE appuie une association de restauratrices et transformatrices de rue (CARTPL), qui a mis sur pied sa propre mutuelle de santé. Comment cette mutuelle s’est-elle adaptée à la crise et aux besoins des acteur·rice·s du secteur informel ?
A.C : Avec le soutien d’ASMADE, la mutuelle de santé du CARTPL a mis à disposition de ses membres du gel, du savon et des masques confectionnés en tissu et organisé des sensibilisations par téléphone. Les restauratrices et transformatrices de rue ont ensuite commencé à produire elles-mêmes du savon et des masques. Quand les rassemblements ont de nouveau été autorisés, elles ont mené des actions de sensibilisation dans les écoles, les sièges des associations membres, exhortant surtout leurs pairs à observer les gestes barrière, car leur métier est l’un des plus exposés.
Quel est l’impact de la situation sécuritaire sur les activités de l’organisation ?
A.C : La dégradation de la situation sécuritaire entraine des déplacements de populations et rend difficile la mobilisation de notre public. En outre, il faut changer de stratégie et privilégier le travail avec des personnes relais formées dans les zones où l’insécurité est forte.
Les élections présidentielles viennent d’avoir lieu, quels sont les messages que vous allez adresser aux responsables politiques sur les questions de santé ?
A.C : Nous demandons que les responsables politiques s’engagent à garantir l’accès aux soins de santé et à la protection sociale des populations, notamment à travers la promotion des mutuelles de santé.